La Gazette du Cercle Terpsichore – 09/2024
N°1 septembre 2024
Merci à Douchanka Mancini pour la traduction italienne et à Yves Ormezzano, Daniel Fritsch et Thierry Serfaty pour leur relecture
Comité de rédaction : Yvonne Vart, Véronique Ormezzano, Marie Fritsch, Stefano da Venezia, Patrick Visseq
Éditorial
Patrick Visseq – Président
Chères lectrices, chers lecteurs,
Nous sommes heureux de vous présenter le premier numéro de la Gazette du Cercle Terpsichore.
Vous y trouverez outre un éditorial, des articles de fond sur la danse, la musique, le costume, un point chorégraphique destiné à apporter des éclaircissements et précisions sur les chorégraphies du répertoire et un rappel des évènements à venir organisés par nos membres.
Notre fédération compte aujourd’hui 19 associations réparties en France, Italie et Suisse avec au total près de 500 adhérents.
Si nous retrouver lors des bals, des stages, des Journées Européennes de la Danse Historique est toujours une très grande joie, les quatre numéros annuels de cette Gazette seront un moyen d’entretenir le lien et de partager sur les domaines qui nous passionnent.
Votre participation au choix des contenus est la bienvenue. La rubrique “Le courrier des lecteurs” vous est consacrée. N’hésitez pas à nous faire part de vos idées d’articles, de vos questions et remarques. Pour cela, écrivez à president@lecercleterpsichore.com.
Ce premier numéro a été conçu par les membres du bureau de notre fédération. Voici une courte présentation de chacun pour celles et ceux qui ne nous connaissent pas.
Patrick Visseq – Président
Musicien de profession (pianiste chef de chant) Patrick Visseq a découvert la danse de société du XIXème siècle en 1997. Il a depuis suivi l’enseignement d’Yvonne Vart. Il a joué un rôle actif pendant plus de 20 ans au sein de diverses associations de la fédération Le Cercle Terpsichore dont il assure aujourd’hui la présidence. Parallèlement à son engagement associatif, il transmet ces danses sous forme de stages en France, en Italie, Slovénie et en Suisse.
Sa danse préférée: la mazurka-valse
Yvonne Vart – Vice Présidente
Yvonne Vart fut professeur de musique et de danse en école associative.
Après de nombreux stages de danses anciennes et de danses traditionnelles, elle fonde avec Alain Riou (décédé en 1992), l’association Révérences – Danses et Contredanses (Lyon), pour redonner vie aux danses de bal de Louis XVI à la Belle Époque.
En 1989, avec le soutien de Michelle Nadal, ils créent l’association Carnet de Bals à Paris où elle a continué à enseigner son répertoire de danses du XIXème siècle pendant plus de 20 ans avant de fonder le Quadrille Français en 2011. Elle est aujourd’hui vice-présidente de l’association Le Cercle Terpsichore. Yvonne a enseigné en France, Italie, Belgique, République Tchèque, Danemark, États-Unis, Russie, Japon.
Sa danse préférée: la mazurka
Véronique Ormezzano – Secrétaire
Banquière et chanteuse, Véronique a découvert la danse du XIXème siècle en 1991 et a suivi depuis l’enseignement d’Yvonne, d’abord au sein de Carnet de Bals, puis en participant à la fondation du Quadrille Français en 2011, association dont elle assure la présidence depuis 2022.
Sa danse préférée: la valse
Marie Fritsch – Secrétaire
Marie Fritsch – Secrétaire
Après avoir beaucoup voyagé dans le monde et en musique, Marie s’est passionnée pour les danses du XIXe s. en se posant enfin en Savoie, à Aix les Bains. Elle y préside l’association Le Quadrille du Lac depuis sa création en 2020, et a participé avec Terpsichore à la réalisation des Premières Journées Européennes de Danse Historique en mai 2024
Sa danse préférée: la Scottiche
Stefano Da Venezia – Trésorier
La passion pour Venise et son carnaval m’ont permis de rencontrer des groupes de reconstitution historique et par la suite, le monde de la danse du 19ème siècle.
Depuis 2010, je suis l’enseignement d’Yvonne Vart à travers les différents stages qu’elle organise en France et en Italie.
Mon caractère extraverti et mes capacités d’organisation m’ont permis de partager ma passion et de rassembler amis et connaissances dans la pratique des danses historiques, ainsi que d’autres initiatives de promotion de la danse du XIXe siècle en profitant de l’ambiance particulière que notre ville de Venise peut offrir.
Sa danse préférée: le galop
La Saison des Bals 2024-2025
Evènements organisés par la Fédération Le Cercle Terpsichore
Stage pédagogique pour enseignants et animateurs d’association de danse historique du 18 au 20 avril 2025, Montpellier (infos à venir)
Évènements organisés par les Associations membres de Terpsichore
28/09/2024 Aux Jardins du Roy, à Saint-Quentin (Picardie)
28/12/2024 Ateneo Danze dell’800, Palermo (Sicile)
29/03/2025 Danzando l’800, Palazzo Biscari, Catane (Sicile)
3/05/2025 Bals & Danses d’Autrefois, à la Mairie de Tours
7/06/2025 Le Bal Saint-Loup, Mairie d’Uzès (Occitanie)
30/08/2025 Les Fêtes Costumées, Vevey-Montreux (Suisse)
Pour plus de renseignements se rapprocher de l’association organisatrice (les liens sont ICI)
L’histoire qui danse !
Le Quadrille Français – Yvonne Vart
Si vous étiez aux JEDH à Aix-les-Bains au mois de mai dernier, vous avez pu expérimenter la genèse du Quadrille Français, mais pour ceux qui n’ont pas eu la chance d’y participer, ou pour rafraîchir votre mémoire, voici un petit résumé.
Les premières contredanses (« country-dances »), danses sociales en colonne avec progression, furent importées d’Angleterre par Lorin, maître à danser de Louis XIV à la toute fin du XVIIe siècle ; elles seront reprises et éditées par Feuillet qui y ajouta les pas dits baroques (pas de bourrée, de gavotte, rigaudon…)
D’autre part, en 1705, Feuillet décrit une danse pour 2 couples, appelée « cotillon », dont le déroulement fait alterner un refrain et une série de couplets (avant-deux, tour de mains, ronde, moulin), et qui peut être considérée comme le modèle de la future contredanse française.
Il faudra attendre les années 1760 pour que les contredanses dites françaises, dans lesquelles les couples sont placés sur un carré, fassent fureur et soient éditées en très grand nombre ; elles font alterner, comme dans le cotillon, un refrain, enchaînement complexe de déplacements et de figures géométriques propre à chaque contredanse, et une série de 9 entrées ou syncopes qui se succèdent de façon identique dans toutes les contredanses.
Progressivement vont apparaître des pot-pourris, d’abord de 2 contredanses (se succédant alternativement après chaque syncope), pouvant ensuite aller jusqu’à l’enchaînement de 9 contredanses différentes, une pour chaque syncope, avec 9 airs de musique différents ! Cette complication se fait au détriment de la figure qui va se simplifier et se stéréotyper.
Vont alors se fixer 5 figures qui vont perdre leurs syncopes et former le « quadrille de contredanses ». Dès le Directoire les 3 premières figures sont figées : ce sont le pantalon, l’été et la poule ; la 4ème peut encore être choisie entre la pastourelle, la Trénis, la polonaise… ; diverses finales sont proposées pour la 5ème, le plus souvent constituée d’un chassé croisé suivi de la figure de l’été.
Aux pas baroques vont se substituer quantité de pas de ballet, pas difficiles qu’il faut danser les pieds tournés en dehors, les jarrets et les cous-de-pied tendus, et il faudra attendre les années 1830 pour que l’on se contente de marcher ces figures de quadrille.
Précisions chorégraphiques par Yvonne Vart
Dans cette rubrique, je vous proposerai des remarques, des corrections, au sujet d’éléments à clarifier ou d’erreurs vues dans les bals ou les stages, ou de questions que vous vous poseriez.
Je commencerai dans ce premier numéro, suite à une réflexion qui m’a été faite après un bal en Sicile (merci Stefano), par une erreur personnelle.Tous les danseurs n’étaient pas d’accord sur le tour de main à la fin de Liliburlero. Dans le texte du livret C, il est bien noté :
Dos-à-dos en diagonale avec cpart fini sur le rayon, C à l’extérieur face au centre, D dos au centre
Tour ½ md pour remettre cette D à côté de soi.
Depuis quelque temps je me laissais aller à finir le d-à-d sur la diagonale et faire tranquillement seulement un ½ tour pour remettre la D en place. Toutes mes excuses pour les danseurs que j’ai induits en erreur, c’est promis, je reprends le texte original (que j’aurais dû relire) et nous ferons tous 1 tour ½ lors des prochains bals. Mea culpa !
On en parle !
Pour ce numéro, Marie nous propose une évocation de la ville d’Aix-les Bains (Savoie) au XIXème siècle. Elle a retrouvé un article retraçant les actualités mondaines à Aix en ce mois de mai 1850. Le mois de Mai, Aix-les-Bains ? Cela ne vous rappelle rien ? Il y a quatre mois nous étions dans cette même ville pour les premières Journées Européennes de la Danse Historique 2024. Une jolie manière de nous rappeler ces moments partagés autour de la danse, de la musique et de la culture !
Mais laissons Mr Amédée Achard nous raconter cette saison des bals à Aix:
Que faire au mois de mai à moins qu’on ne voyage?
Vous savez ce que devient Paris quand luit l’été. Les théâtres, pareils à des nids abandonnés, perdent un à un tous les chanteurs infidèles que vingt capitales se disputent ; on voit fuir comme des hirondelles ces danseuses infatigables qui lasseraient l’archet de Strauss lui-même. (…) Plus de fêtes aux ambassades, plus de bals au faubourg Saint-Honoré (…)
Que les temps sont changés ! Hier personne ne prenait la route d’Aix les-Bains, aujourd’hui tout le monde y va (…)
La petite ville s’est tout d’un coup changée en capitale. On s’y habille comme à Paris, on s’y promène comme à Naples, on y danse comme à Vienne (…)
Le casino c’est Aix. Supprimez le casino, et Aix n’existe plus.
Tout le monde danse, à moins de flagrant délit de rhumatisme ; la promenade est déserte, et déserte aussi la terrasse. A huit heures les plus impatientes arrivent (…) D’autres viennent après, puis d’autres encore, puis une foule, puis enfin les coquettes, celles qui veulent éblouir par leur apparition inespérée, et fendre les flots agités de cette mer brillante au milieu des doux murmures et des sourires.
Cependant M. Simon Lévy tient l’archet, sa main se lève, et tout à coup l’orchestre animé chante à la fois; trente instruments maniés par des doigts habiles remplissent la salle immense de mélodie ; la valse noue ses longs anneaux, et, sous les pas des couples enchaînés,la foule s’écarte et laisse vingt fois passer le tourbillon qui tourne et l’effleure dans son vol (…)
Vénitiennes et Milanaises, Napolitaines et Génoises, les femmes du Nord et du Midi, celles de France et d’Allemagne, de Russie et d’Angleterre, les reines du bal sont de toutes les latitudes.
Quant aux toilettes elles arrivent toutes de Paris. Il est aisé de comprendre que dans un tel milieu les héroïnes du bal, pour si peu qu’elles aient l’espoir de triompher un jour, ne se permettent pas de porter deux fois la même toilette. On laisse ces petitesses à celles qui sont femmes de millionnaires seulement, médiocre affaire. On a des robes par monceaux et des chapeaux par centaines. Ne s’agit-il pas de vaincre ou de partir !
Maintenant quel hasard ou quelle vertu donne la victoire? Qui le sait ! On la remporte par une valse, on la perd pour une polka. Il suffit d’une fleur pour gagner, il suffit d’un mot pour la perdre. C’est un tournoi de tous les jours, de toutes les heures, où la grâce, l’esprit, la beauté combattent à armes courtoises…
Demandez le cotillon !
Saurez-vous trouver la solution à ce rébus ? Solution dans le prochain numéro !
Le courrier des lecteurs
Chers lecteurs, cette rubrique vous est dédiée !
Vous avez envie de partager un sujet, une expérience, nous parler d’une découverte (danse, histoire, costume, musique…), alors n’hésitez pas à nous écrire à president@lecercleterpsichore.com.
Cet espace est ouvert à toutes et tous ! On vous attend 🙂
Du côté de la recherche
Le site Antécédanses animé par Yves Schairsée, propose un article de fond sur l’origine du Quadrille des Lanciers:
(...) Il est donc temps maintenant de répondre à cette question : “Le quadrille des lanciers était-il déjà connu en France avant que Laborde ne s’en empare ?” (…)
Ils ont dit…
Extrait du traité de la danse de Mr Desrat, une idée de cotillon: Le Papillon !
“Le conducteur remet un papillon à une dame, pendant que sa dame donne un filet à un cavalier. La dame fait voltiger le papillon, et le cavalier armé du filet doit chercher à s’en emparer pour valser avec elle.”
Reste à attraper un papillon !